Le travail frontalier est un phénomène concernant un nombre croissant de personnes en Europe au début des années 2000. La Lorraine, important réservoir de main-d’œuvre et seule région française (avant la réforme territoriale) partageant ses frontières avec trois pays, est concernée par un flux majeur à destination du Luxembourg et un flux secondaire vers l’Allemagne, ce qui constitue un terrain d’études pertinent pour identifier les dimensions géographiques et économiques du travail frontalier. Le travail frontalier est analysé comme un facteur de régulation du marché du travail à travers son hétérogénéité, mais également la normalisation juridique qui encadre le statut de travailleur frontalier.
Le Working Paper éclaire le domaine thématique ‚travail et développement économique‘ en dégageant les défis qui s‘imposent au développement territorial de la Grande Région. Il met l‘accent en particulier sur l‘histoire industrielle ainsi que sur l‘emploi et le travail transfrontalier au sein de la Grande Région.
Dans cet article, nous nous concentrons sur la sensibilité du marché du travail aux crises financières au Luxembourg. Le Luxembourg est une place financière mondiale, spécialisée dans la banque, les fonds communs de placement et les assurances. Cette spécialisation conditionne en partie le marché du travail au Luxembourg. La spécialisation dans les activités financières nécessite une main-d'œuvre hautement qualifiée. Le Luxembourg est un petit pays qui manque de main-d'œuvre et a besoin de travailleurs migrants. Dans ce contexte, nous montrons que les travailleurs frontaliers ont plus de risque de perdre leur emploi que les travailleurs autochtones.
L’une des spécificités de la Grande Région réside dans son marché commun de l’emploi qui engendre une forte mobilité transfrontalière des travailleurs. L’objectif de cette étude est de caractériser les informations sur le groupe des travailleurs frontaliers. Pour ce faire, un modèle économétrique a été choisi. De ce modèle, on peut retenir que les frontaliers sont, en moyenne, plus jeunes que les autres travailleurs. Le sexe et la formation jouent également un rôle. Le modèle montre aussi que les frontaliers, en tenant compte de leur région d’origine, ne constituent pas un groupe homogène.
Ce dossier thématique penche sur la question des marchés locaux et régionaux du travail, transfrontalier ou non et à travers des exemples quantitatifs pluridisciplinaires concernant les déterminants enjeux et impacts de ces mobilités particulières, en fonction de différentes unités d’analyse et/ou périodes temporelles.
De cette façon, différentes comparaisons sont appliquées sur différents marchés afin de comprendre en quoi les frontaliers se distinguent des non-frontaliers (voire des migrants) au sein des différentes aires géographiques des marchés du travail locaux et régionaux. Dans le but de répondre à ces différentes questions, quatre articles sont sélectionnés pour pouvoir apporter quelques éléments de réponse.
En tant qu‘élément central du livre se pose la question de quelle façon les espaces peuvent être décrits et empiriquement étudiés dans les ou en tant que rapports transfrontaliers. Pour ce faire, l‘auteur se penche sur le phénomène des frontaliers dans la Grande Région SaarLorLux, dans la mesure où sa structure circulaire de mobilité et son ancrage multi-local peuvent être considérés comme exemplaires pour les réalités de vie transfrontalières. L‘ouvrage se base sur l‘hypothèse que les espaces ne sont pas préexistants, mais que des rapports spatiaux subjectivement significatifs se créent à travers des activités transfrontalières. La notion d‘espace sert ainsi de mode descriptif pour les rapports spatiaux significatifs réalisés au travers des pratiques des frontaliers, qui sont opérationnalisés et empiriquement étudiés au moyen de questionnements partiels socioculturels.
Sur la base d’une large enquête réalisée en 2010 et 2011 auprès d’un échantillon représentatif de travailleurs frontaliers au Luxembourg, le CEPS/INSTEAD publie, en collaboration avec Forum EUROPA, l’Université de Strasbourg et le CNRS, un cahier consacré à la mobilité quotidienne des frontaliers. Ce cahier regroupe 13 chapitres qui portent sur des thèmes complémentaires, et qui forment une synthèse des principaux enseignements de la mobilité des frontaliers. Un des principaux enseignements de l’enquête est l’augmentation significative du recours au transport en commun comme moyen principal de déplacement domicile-travail, même si l’usage de la voiture reste majoritaire. La qualité de l’offre en transports en commun (temps de parcours, desserte, fiabilité, confort, etc.) joue un rôle déterminant dans le choix du mode de transport par les frontaliers, tout comme les conditions de stationnement au lieu de travail. Les frontaliers habitent en moyenne à 44 km de leur lieu de travail et mettent 53 minutes pour s’y rendre. Cet éloignement au lieu de travail conduit la moitié des frontaliers à partir de leur domicile avant 7h du matin. Les automobilistes sont 60% à se déclarer satisfaits ou très satisfaits de leurs déplacements domicile-travail. Les frontaliers utilisant le train sont en général plus satisfaits car ils sont 74% à se déclarer satisfaits ou très satisfaits. D’ailleurs, c’est au niveau du train que la fatigue se fait le moins ressentir par rapport aux perceptions vécues au quotidien dans les modes de transport. Si 73% des ménages frontaliers possèdent au moins deux voitures, de manière générale l’opinion à propos de la voiture est assez contrastée. Mais la mobilité des frontaliers ne se résume pas au déplacement domicile-travail, puisqu’un frontalier sur cinq se déplace au Luxembourg pour effectuer une activité en-dehors de son travail, principalement pour se rendre au restaurant ou faire des courses. En moyenne, les frontaliers consacrent ainsi 2 heures par jour et parcourent 100 km pour l’ensemble de leurs déplacements.
L’observatoire interrégional du marché de l’emploi (OIE) est un réseau d’instituts spécialisés dans le domaine du marché de l’emploi, qui sont tous actifs dans la Grande Région. L’OIE collecte des données sur les marchés de l’emploi dans la Grande Région pour le compte du Sommet de la Grande Région. Ces données sont ensuite utilisées pour dresser des rapports sur la situation du marché de l’emploi dans la Grande Région. En plus d’un rapport sur les structures se basant sur des données statistiques comparables des sous-régions de la Grande Région, la publication offre également des informations qualitatives sur des priorités thématiques.
Le travail frontalier a un impact indéniable sur le développement des territoires de part et d’autre de la frontière. Avec un regard sur les villages et villes lorrains, où un grand nombre de travailleurs frontaliers vers le Luxembourg résident, cet article résume les impacts ainsi que les réponses politiques liées à la hausse constante du nombre de travailleurs frontaliers. Après une présentation de l’évolution du nombre de travailleurs frontaliers en Lorraine, la prise en compte de l’impact de cette évolution sur le développement territorial dans les politiques locales, intercommunales, régionales, nationales et européennes est résumée. L’amélioration de l’accessibilité des territoires, la hausse de la construction des logements, le développement des services et équipements ainsi que des aides financières et fiscales sont discutés sous le titre de dynamiques locales. Force est de constater que les retombés sont inégales suivant le territoire et que d’importantes disparités se crées. Des réflexions sur les perspectives de développement sont proposées.
Le Luxembourg compte le plus grand nombre de frontalier.e.s de l’UE. Ces dernier.e.s font quotidiennement la navette des pays voisins tels que l’Allemagne, la France, ou la Belgique vers le pays trilingue. Il en résulte des constellations de coopération linguistiques et culturelles riches. L’article examine comment les frontalier.e.s vivent et surmontent le multilinguisme et l’interculturalité dans le pays. Les typologies traitées se basent sur des entretiens, des analyses d’interactions et des enquêtes.