New book release: Étrangers familiers. Les travailleurs frontaliers en Suisse

Etrangers familiers

New book release: Étrangers familiers. Les travailleurs frontaliers en Suisse

Catégorie d'actualité
Statement
Date de début

Switzerland is the country with the largest number of cross-border workers in Europe (343,000 in 2020). In some border regions in Europe, the pandemic has particularly highlighted the role of cross-border work and the interdependencies between certain countries.

In the chapters of the new book on cross-border workers, the concept of "familiar strangers" is elaborated: These "strangers" who come to Switzerland from the other side of the border and become at simultaneously a familiar part of a transborder space that they use and recreate every day through their employment, social relations, consumption and leisure activities.

The statistical information and qualitative results of the book on the evolution and life of cross-border workers allow a more precise understanding of cross-border worker employment in Switzerland.

This interdisciplinary volume brings together contributions from sociologists, economists, and anthropologists. From the UniGR-Center for Border Studies, Isabelle Pigeron-Piroth and Rachid Belkacem contributed to the book as co-editors and authors.

Contents
  • Introduction (Claudio Bolzman, Isabelle Pigeron-Piroth, Cédric Duchêne-Lacroix)
  • Les navetteurs au prisme de la multidimensionnalité des espacestransfrontaliers: Territoire, écosysème, espace vécu, discours (Cédric Duchêne-Lacroix)
  • Portrait sociodémographiques et économiques des travailleurs frontaliers en Suisse (Isabelle Pigeron-Piroth) 
  • Devenir frontalier en Suisse romande. Enquête parmi les candidats à l'emploi frontalier et les frontaliers débutants (Nasser Tafferant, Claudio Bolzman) 
  • Au-delà du travail : Les pratiques sociales extra-professionnelles des travailleurs frontaliers en Suisse (Claudio Bolzman, Nasser Tafferant, Paola Solca) 
  • Conclusion générale (Rachid Belkacem, Isabelle Pigeron-Piroth, Claudio Bolzman, Cédric Duchêne-Lacroix) 
Interview with the editors Claudio Bolzman, Isabelle Pigeron-Piroth and Cédric Duchêne-Lacroix

Pourquoi un projet de livre sur le travail frontalier ? et pourquoi en Suisse ?

Par leur va-et-vient quotidien, les frontaliers assurent de la continuité entre différents espaces tout en expérimentant la discontinuité politique et institutionnelle. La pandémie a par ailleurs souligné les interdépendances entre les pays et le rôle central du travail frontalier dans certains secteurs d’activité et pour certaines régions transfrontalières (certains cantons suisses ou encore au Luxembourg).

Comme la Suisse est le pays d’Europe attirant le plus grand effectif de travailleurs frontaliers (343 000 fin 2020), avec une forte augmentation durant les dernières décennies, le choix de la Suisse comme espace d’analyse s’est imposé. Souvent appréciés, parfois décriés, ces travailleurs frontaliers occupent une place importante dans le paysage économique, politique et social de Suisse. Pourtant, ils sont relativement peu connus. A cheval entre deux pays, leurs modes de vie, leur statut spécifique, leur pratique de la frontière interrogent. Dans ce livre, leur emploi, leur quotidien et leurs pratiques sont passés au crible à la lumière d’entretiens et de données statistiques, révélant au passage la diversité des situations selon les cantons (Genève, Bâle, le Tessin, Vaud, le Jura et Neuchâtel).
 

Pourquoi ce terme d’Etrangers familiers comme titre de l’ouvrage ?

Parce que les travailleurs frontaliers sont à la fois des étrangers, vivant dans un autre pays et n’ayant pas la nationalité de leur pays d’emploi. Mais ils sont également familiers, car ils traversent la frontière pour exercer leur activité professionnelle et parfois d’autres activités (comme le shopping) en Suisse. Cette population familière est côtoyée tous les jours, mais finalement peu connue.
 

Quels sont vos principaux résultats ?

Plusieurs facettes du travail frontalier apparaissent à travers cet ouvrage.

Tout d’abord à travers la difficile identification, et mesure du travail frontalier, le livre aborde les aspects méthodologiques de la recherche sur le travail frontalier. La difficulté est aussi celle de la comparabilité :  la question des définitions et des échelles de part et d’autre des frontières est centrale. Trouver des indicateurs et des sources réellement transfrontaliers et comparables est un vrai défi à relever.

La prise en compte de la complexité et de l’épaisseur  de l’espace frontière est nécessaire afin de dépasser le simple trait sur une carte. Une grille d’analyse à plusieurs dimensions et paramètres fournit des outils conceptuels plus appropriés à la spécificité de ces espaces.

La grande diversité de profils des travailleurs frontaliers selon leur canton de travail en Suisse est nette. Elle est liée entre autres aux spécificités territoriales et aux ancrages de certaines activités historiques (comme l’horlogerie dans l’Arc jurassien, l’industrie à Bâle …). Près d’un frontalier sur quatre travaillant à Bâle, à Vaud  ou au Tessin a un emploi dans l’industrie, c’est près de 50% dans le Jura et à Neuchâtel. Alors qu’à Genève, l’activité des frontaliers est plus variée, entre le commerce, la santé, l’industrie mais aussi le travail intérimaire et les activités scientifiques (en forte hausse ces vingt dernières années).

La diversité des pratiques mais aussi des perceptions, se note également lorsqu’on analyse les personnes accédant (ou souhaitant accéder) à l’emploi frontalier. Les situations professionnelles en amont du projet frontalier sont très contrastées. On est parfois frontaliers de père/mère en fils/fille. Et le fait de devenir frontalier peut être pour certains un objectif, pour d’autres un hasard, ou encore une simple étape de leur trajectoire professionnelle.

Les frontaliers ne sont pas uniquement des travailleurs : ils ont des pratiques transfrontalières. L’intensité des activités extra-professionnelles (associatives, syndicales…)  en Suisse varie en fonction du nombre d’années de travail en Suisse, du lieu de résidence et du type de travail, mais aussi du fait d’avoir déjà séjourné ou fait des études en Suisse.
 

Quel est le lien entre ce livre et le Groupe de recherche helvético-luxembourgeois LABOR SwissLux ?

Les travaux menés pour cet ouvrage ont constitué les prémices de la création du groupe LABOR SwissLux. Les auteurs de ce livre sont les membres fondateurs de ce groupe de chercheurs de Suisse et du Luxembourg intéressés par ces questionnements autour du travail frontalier, et notamment les similitudes et différences pour ces deux pays qui attirent à eux deux plus d’un demi-million de travailleurs frontaliers, et qui ont donné lieu à une conférence et une publication sur ce thème. A télécharger ici


Bibliographic information
Claudio Bolzmann, Isabelle Pigeron-Piroth et Cédric Duchêne-Lacroix (ed.) (2021) : Étrangers familiers. Les travailleurs frontaliers en Suisse : Conceptualisation, Emploi, Quotidien et Pratiques. Paris, Harmattan. More information

In 2018, researchers from the UniGR-Center for Border Studies founded the research group "LABOR SwissLux - Labour Across Borders". In joint projects, they study the cross-border labor market in Switzerland and Luxembourg. The book "Étrangers familiers" (2021) is a result of the German-French-Swiss research group and was supported financially by the UniGR-Center for Border Studies.

More information about the working group “ LABOR SwissLux – Labour Across Borders” here 

Contact 

Isabelle Pigeron Piroth
University of Luxembourg
Rachid Belkacem

2L2S - Laboratoire Lorrain des Sciences Sociales

Université de Lorraine