Bordertexturen als transdisziplinärer Ansatz zur Untersuchung von Grenzen. Ein Werkstattbericht.

Bordertexturen als transdisziplinärer Ansatz zur Untersuchung von Grenzen. Ein Werkstattbericht.

Focus spatial
Europe
Langue(s)
Allemand
Type
Catégorie principale
Introduction

L'article est un rapport du groupe de travail transdisciplinaire « Border Textures » et tente de consolider le concept de trames des frontières comme approche innovante pour l'étude de débats complexes sur les frontières et des processus de gestion des frontières sous toutes leurs formes diverses d'expression, tant géopolitiques que métaphoriques.

Résumé

L'article présente le concept de trames de frontière comme un outil analytique pour l'analyse de débats complexes sur les frontières. Il comprend les frontières comme étant ancrées dans des champs discursifs et culturels dynamiques et non comme des formations territoriales isolées. Le concept de trames de frontière reflète cette dynamique en étant utilisé comme méthode, pratique ou objet d'étude. Dans les présentes études de cas, les auteurs mettent en évidence trois dimensions analytiques de trames des frontières: la physicalité, la spatialité et la matérialité. Celles-ci sont illustrées par une analyse, basée sur la trame de frontière, d'une sélection de textes littéraires traitant de différentes régions frontalières en Europe et aux États-Unis.

Contenu

L'article se compose de cinq sous-chapitres qui décrivent le concept des trames de frontière d'un point de vue théorique et pratique. Le sous-chapitre introductif présente le concept et le situe dans le cadre conceptuel des Cultural Border Studies qui a gagné en importance ces dernières années. Il souligne l'importance des études Chicano/a pour ce champ d'analyse et mentionne en particulier Gloria Anzaldúa comme le penseur qui, avec son concept influent de « paysages frontaliers », a jeté les bases de la théorisation des frontières comme entités culturellement dynamiques ainsi que d'autres conceptualisations académiques des frontières comme zones hybrides d'existences interconnectées. L'approche des trames de frontière s'inscrit dans cette tradition et fait référence à des conceptualisations telles que l’« hybridité »“ et le « troisième espace » (Bhabha), les « zones de contact » (Pratt) et les « paysages frontaliers » (Brambilla). Cependant, l'objectif des trames de frontière, la compréhension des frontières comme trames, est d'approfondir ces idées afin de créer un cadre analytique capable de prendre en compte le plus grand nombre possible de facteurs qui sont constitutifs des frontières et qui en dépendent. L'approche de la trame des frontières met l'accent sur l'interrelation complexe d'une multitude de facteurs dynamiquement imbriqués. Le concept des trames de frontière se caractérise par une grande flexibilité dans son application : selon le contexte, les trames des frontières peuvent être comprises comme un seul objet, une seule pratique et une seule méthodologie.

Dans les sous-chapitres suivants, l'article examine trois dimensions analytiques d'application comme exemple pour penser les frontières comme des trames : sur le plan physique, spécifique et matérielle. Les auteurs illustrent l'applicabilité du concept de trames de frontière dans chaque cas au moyen d'une analyse culturelle et littéraire d'une sélection de textes littéraires européens (allemands, français, irlandais) et américains (États-Unis). L'analyse de la dimension physique révèle des interrelations complexes entre les frontières et la physicalité et fournit des exemples d'utilisation de trames de frontière comme méthode. Elle met l'accent sur le lien entre l'incarnation et la violence, la vulnérabilité et le pouvoir étatique, qui sont imbriqués de manière discursive par les catégories physiques du genre, du sexe, de la race, etc. Elle montre comment le concept de trames des frontières peut être activé pour explorer la corrélation et la tension entre les structures et institutions macro-politiques et les niveaux micro-politiques de l'expérience et de l'existence dans le monde. La dimension spatio-analytique montre comment la frontière même peut être comprise comme une trame des frontières. Elle s'inscrit dans le paradigme de la corporéité en envisageant non seulement la façon dont les frontières influencent les corps, mais aussi la façon dont les corps affectent les frontières par la mobilité, la relationnalité, etc. La dimension matérielle analytique, à son tour, fait un zoom sur les pratiques matérielles qui délimitent les frontières en manifestations d'un état de transition entre des lieux. Il est démontré que ces pratiques sont à la fois déterminées par la matérialité de la frontière et qu'elles remettent en cause cette matérialité.

Conclusions

Le concept de trames des frontières présenté dans l'article est un complément à la boîte à outils des études sur les frontières (culturelles). Il utilise la métaphore de la trame pour décrire le tissu complexe des frontières comme étant constitué de pratiques et de discours intriqués qui reflètent des réalités sociales complexes et souvent compliquées. Il est important que l'approche de la trame des frontières comprenne la frontière comme un trope et/ou un topos plutôt que comme un marqueur fixe purement territorial. Suivant cette compréhension dynamique des frontières, le champ conceptuel des trames de frontière implique un refus de tracer des lignes de démarcation dures qui fixeraient discursivement les frontières et les analyseraient de manière isolée. L'approche des trames de frontière postule plutôt que les frontières sont des nœuds discursifs où les négociations sur les corps, les artefacts et les systèmes de connaissance sont condensées à des degrés d'intensité variables. Cette dimension particulière des trames de frontière s'oppose à la tendance persistante de la recherche sur les frontières avec sa définition uniquement territoriale des frontières comme des lignes dures et immuables sur la carte. Une lecture des frontières comme des trames dynamiques tissées à partir de pratiques et de discours permet des perspectives analytiques innovantes et inclut un large éventail d'objets d'étude. Outre cette extension du champ des études sur les frontières, une telle approche rapproche les études frontalières des études culturelles en mettant l'accent sur le caractère construit des frontières.

Les exemples analytiques présentés dans l'article montrent non seulement l'applicabilité multiple des trames de frontière dans l'analyse de différents fils ou brins discursifs, mais soulignent également l'importance des pratiques artistiques et littéraires pour les débats sur les frontières. En raison de la diversité de leurs pratiques sémantiques, esthétiques et linguistiques, les textes littéraires discutés reprennent, déconstruisent et constituent simultanément la frontière, que ce soit entre l'Allemagne et la France, l'Irlande du Nord et la République d'Irlande ou le Mexique et les États-Unis. Déjà transdisciplinaire par nature, testé dans ces différents contextes littéraires, le concept de trames des frontières montre son adaptabilité au-delà des frontières nationales et/ou continentales.

Messages clés

Les principaux messages de l'article tournent autour de la nécessité d'élaborer des cadres conceptuels d'études sur les frontières (culturelles) étant capables de prendre en compte la complexité multicouche des frontières telles qu'elles s'inscrivent dans des débats et des négociations culturelles plus larges. Avec l'approche de la trame des frontières, les auteurs proposent un tel instrument qui est suffisamment flexible pour être utilisé de différentes manières et pour inclure une grande variété de processus, de sujets et d'artefacts liés aux frontières et situés dans leur sphère d'influence, quelle qu'elle soit. Dans ce contexte, les frontières sont comprises de manière expansive, comme des tropes/topos et non comme des marqueurs purement territoriaux, tandis que la métaphore d'une trame souligne l'interdépendance des processus frontaliers.

Pilotage

Astrid M. Fellner (Université de la Sarre) et Christian Wille (Université du Luxembourg)

Auteur de la note
Contributions

Sebastian Weier, Astrid M. Fellner, Joachim Frenk, Daniel Kazmaier, Eva Michely, Christoph Vatter, Romana Weiershausen, Christian Wille. Participants actifs actuels du groupe de travail « Border Textures »:  Astrid M. Fellner (Université de la Sarre), Joachim Frenk (Université de la Sarre), Sylvie Grimm-Hamen (Université de Lorraine), Daniel Kazmaier (Université de la Sarre), Eva Nossem (Université de la Sarre), Bärbel Schlimbach (Université de la Sarre), Svetlana Seibel (Université de la Sarre), Christoph Vatter (Université de la Sarre), Romana Weiershausen (Université de la Sarre), Christoph Wille (Université du Luxembourg), Andrea Wurm (Université de la Sarre) 

Personne de contact
Date de création
2019
Identifiant

ISBN 978-3-945878-78-1